Procès de présumés terroristes au Burkina : D. I., combattant de Daoula Islam, écope de 21 ans de prison ferme

Pour cette troisième journée de la première session des procès pour faits et actes de terrorisme, deux dossiers de présumés terroristes devaient passer en jugement. Le premier a été renvoyé au vendredi 13 août 2021, parce que le prévenu n’a pas été extrait à cause d’un mouvement d’humeur de l’escorte. C’est donc le deuxième prévenu, D.I, qui s’est présenté devant le tribunal. Il lui est reproché les faits d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste.

Initialement prévue pour 8h, c’est finalement à 10h55 qu’a débuté l’audience du jour. A la barre, D.I, 25 ans, de nationalité malienne, marié et père de deux enfants. Il est poursuivi pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. Selon les informations issues de l’instruction, il aurait été arrêté par la force Barkhane suite au bombardement de leur base terroriste installée dans le village de Ariel (dans le Soum), alors qu’il surveillait de l’armement, du matériel de transmission et des motocyclettes appartenant au groupe Daoula Islam qu’il aurait rejoint.

D.I aurait quitté son village (Kassa au Mali), pour rejoindre le groupe terroriste Daoula Islam de Abou Ourèra, parce qu’il aurait appris que les combattants de ce groupe étaient payés à deux millions de FCFA le mois lorsqu’ils combattaient et un million de FCFA le mois lorsqu’il n’y avait pas de combat.

Un accusé peu coopératif

Sur la défensive et pas très coopératif face aux juges, le prévenu a plusieurs fois esquivé les questions qu’on lui pose. Il a, à maintes reprises, soutenu que le tribunal savait pourquoi il était là et que c’était à eux d’apporter la preuve de son appartenance à un groupe terroriste. A la question de savoir ce qu’il faisait alors dans le village d’Ariel, D.I a répliqué que c’est à ceux qui l’avait arrêté (force Barkhane) de dire ce qu’il y faisait. Face à cette attitude, le président du tribunal lui a rappelé que cette audience n’était pas une condamnation d’office mais une occasion pour lui de dire la vérité et de se défendre.


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L’accusé finira par dire qu’il n’est pas un combattant de Daoula Islam ; il serait venu dans le village d’Ariel pour emprunter de l’argent à un ami Z.A, afin d’organiser le baptême de son nouveau-né. Il dit ne pas connaître le lieu d’habitation de cet ami, ni son numéro de téléphone. Arrivé aux environs de 18h à Ariel, il serait allé demander à manger dans la base terroriste de Daoula Islam et se serait ensuite assoupi sous un arbre. C’est là que les éléments de la force Barkhane l’auraient trouvé. Tout ce qu’on lui reproche, selon lui, n’est que mensonge.

Face au tribunal, plusieurs réponses aux questions étaient en contradiction avec les réponses que D.I avait données au juge d’instruction. Si face au juge d’instruction il a affirmé avoir rejoint le groupe Daoula Islam parce qu’on y donnait de l’argent aux combattants, il nie devant le tribunal être membre du groupe et confie ne rien savoir des activités qui y sont menées. Il a aussi dit ne pas savoir utiliser une arme à feu, alors que des traces de poudre avaient été retrouvées sur ses mains et ses habits, preuve qu’il s’était servi d’une arme il y a moins de 72h.

Des menaces proférées à l’endroit du juge

Le procureur dans ses réquisitions a estimé que les faits d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste étaient caractérisés. Les éléments recueillis pendant l’instruction permettent, selon lui, de se rassurer de la culpabilité du prévenu. C’est pourquoi il a requis contre D.I, une peine de 21 ans de prison ferme, ainsi qu’une amende de deux millions de FCFA.

C’est à cette peine que le juge a condamné le prévenu, en prenant le soin d’assortir sa peine de prison à 14 ans de sûreté. A l’annonce du verdict, D.I a proféré des menaces au tribunal et laissé entendre que le juge ira en enfer. Le président du tribunal a ordonné de faire sortir l’accusé et a suspendu l’audience qui reprendra demain 12 août 2021 à 8h.

Armelle Ouédraogo
Lefaso.net

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