Etude des perceptions sur l’(in)adéquation entre le PA-SD (Pilier 3, Axe 2) et les besoins/ attentes des populations

Plus de dix (10) mois après l’adoption du Plan d’action pour la stabilisation et le développement (PA-SD), il a semblé opportun au Centre d’information et de documentation citoyennes (Cidoc) de s’interroger sur le progrès réalisé dans la mise en oeuvre de l’action gouvernementale au regard des besoins réels et attentes légitimes des populations, mais aussi et surtout sur l’implication des populations à différentes phases de l’action gouvernementale. Ainsi, le Cidoc a mené une étude de perceptions portant sur l’(in)adéquation entre, d’une part, le PA-SD et plus précisément son Pilier 3 relatif à « la refondation de l’Etat et l’amélioration de la gouvernance », et d’autre part, les besoins réels et les attentes légitimes des populations. Cette étude a été mise en oeuvre dans le cadre du projet « Suivi citoyen de l’action publique de refondation de l’Etat et d’amélioration de la gouvernance au Burkina Faso », appuyé par le programme « Burkina Faso : Démocratie Gniè Sira » que pilote le National Democratic Institute (NDI), sur financement de la Suède. Elle a accordé une attention particulière à l’Axe 2 dudit pilier, visant à « approfondir les réformes institutionnelles et moderniser l’administration publique », au coeur du projet susmentionné qui couvre douze (12) communes, rurales et urbaines.

Cette étude vise à poser les jalons nécessaires au travail de suivi citoyen de l’action publique de refondation de l’Etat et d’amélioration de la gouvernance au Burkina Faso, qu’assurent les acteurs de la société civile, dans l’optique d’impulser et consolider la conformité aux principes essentiels de la bonne gouvernance, à savoir la transparence, la redevabilité et la participation citoyenne inclusive. Plus spécifiquement, cette étude a une triple finalité : (a) Evaluer le niveau d’appropriation du PA-SD par les populations burkinabè, en soulignant la portée de la participation citoyenne à son élaboration et sa mise en oeuvre ; (b) Analyser l’(in)adéquation des réformes institutionnelles et électorales prévues à l’Axe 2 (Pilier 3 du PA-SD), aux besoins réels et préoccupations/attentes légitimes des populations, en se fondant sur les perceptions de ces dernières ; et (c) Clarifier et articuler notamment les indicateurs de participation citoyenne qui vont permettre de cadrer le suivi citoyen de l’action publique de refondation de l’Etat et d’amélioration de la gouvernance au Burkina Faso au coeur du présent projet. 

Afin d’atteindre les objectifs présentés ci-haut, nous avons fait recours à une démarche méthodologique mixte axée sur la collecte des données qualitatives et quantitatives. Les deux types des données ont été collectés concomitamment, à travers notamment la revue documentaire et les enquêtes sur terrain, puis elles ont été analysées et interprétées conformément à un cadre conceptuel précis. Avec cette démarche méthodologique, cette étude devrait permettre aux acteurs impliqués dans ce suivi, de disposer au moins d’une ‘photographie’ des perceptions de l’action gouvernementale par les populations ‘lambda’ résidant dans les douze communes d’intervention du programme. 

Sans prétendre à l’exhaustivité, ni à la perfection, la présente étude a au moins atteint ses objectifs spécifiques. Il s’agissait de collecter et analyser les perceptions des populations en vue d’établir le niveau d’appropriation du PA-SD par les populations burkinabè, en soulignant d’une part, l’(in)adéquation des réformes institutionnelles et électorales prévues à l’Axe 2 (Pilier 3 du PA-SD) à leurs besoins réels et préoccupations/attentes légitimes ; et d’autre part, en analysant la portée de la participation citoyenne à l’élaboration dudit plan et la mise en oeuvre des réformes susmentionnées »

Il est ressorti de l’analyse des données collectées sur le terrain, qu’il y a un très faible niveau d’appropriation du PA-SD. Seuls 27% de la population enquêtée (soit 864 sur 3154 personnes) connaissent nommément le PA-SD et ses quatre piliers. Tout de même, la majorité (93%) de cette population, soit 2931 sur 3154 personnes enquêtées estiment que ce plan d’action gouvernementale et l’essentiel des réformes qu’elle porte, sont en adéquation avec les besoins et attentes légitimes des populations. Dans la même veine, la majorité des répondants dit être globalement satisfaite de la mise en oeuvre de ce plan. En outre, dans une sorte de hiérarchisation des actions pour le gouvernement de transition selon l’urgence, la majorité des répondants positionne la refondation de l’Etat et l’amélioration de la gouvernance en dernière place, à la suite de la lutte contre le terrorisme et la restauration de l’intégrité du territoire, suivie successivement de la réponse à la crise humanitaire, et de la réconciliation nationale et la cohésion sociale

Cependant la refondation de l’Etat et l’amélioration de la gouvernance reste essentielle comme pilier du PA-SD et est en phase des besoins des populations. Tout en soulignant (à 94% de la population enquêtée) que le fait que « la consolidation de la résilience, la sécurité, la cohésion sociale et la paix » reste l’objectif le plus urgent à atteindre dans le processus de refondation de l’Etat et l’amélioration de la gouvernance, la majorité des répondants (88%) estime que pour résoudre les besoins réels et répondre aux préoccupations/attentes légitimes des populations burkinabè, le gouvernement de la transition doit « Approfondir les réformes institutionnelles et moderniser l’administration publique ». Et, dans cette optique, le gouvernement de transition devrait prioritairement : 

  • « Plafonner les dépenses de campagnes électorales » pour promouvoir la démocratie et la bonne gouvernance politique
  • « Dépolitiser l’administration publique et promouvoir le mérite » et « Supprimer les institutions non indispensables », en vue de promouvoir la bonne gouvernance administrative et moderniser l’Etat burkinabè ; et 
  • « Poursuivre le développement de l’économie locale » afin de renforcer la décentralisation et la bonne gouvernance locale
  • Renforcer la lutte contre le terrorisme et assurer l’auto-suffisance alimentaire, deux problématiques qui, selon les répondants, résument les préoccupations et attentes légitimes de la population. Pour un(e) des répondants, il s’agit des actions suivantes : « La reconquête du territoire. L’auto-suffisance alimentaire (produire, transformer et consommer burkinabé). Création d’emplois pour les jeunes. Revoir la carrière des agents de la fonction publique… – opération casiers vides des dossiers des agents de la fonction publique. Mettre les gens qu’il faut à la place qu’il faut »

Enfin, s’agissant de la participation citoyenne, la population enquêtée trouve globalement que l’implication des populations dans l’élaboration du PA-SD comme dans sa mise en oeuvre reste limitée essentiellement à des actions d’information. Se fondant sur les indicateurs de la participation citoyenne articulés en termes des phases sur l’échelle de la participation citoyenne, l’on note une coopération symbolique entre les gouvernants et les populations, au lieu d’une participation citoyenne effective et significative. 

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